mort sur le ferry corse
ARTICLE DE NICE MATIN
La SNCM condamnée pour la mort de deux chiens pendant une traversée Ajaccio-Nice
Des chenils climatisés et surveillés dans les navires européens. » Tel est le credo de Gilles Seytre, maire de la commune de Saint-Marc-sur-Seine, en Côte-d'Or. Le pharmacien retraité avait vécu une expérience douloureuse lors d'un retour de Corse, il y a trois ans. Ses deux chiens avaient péri dans la voiture garée en cale du NGV Liamonependant la traversée entre Ajaccio et Nice, le 8 juillet 2010.
Au terme d'un marathon judiciaire, la cour d'appel d'Aix-en-Provence vient de reconnaître la responsabilité civile de la SNCM qui a été condamnée à 2 500 euros d'amende. Dans son arrêt en date du 27 novembre, la justice relaxe la compagnie maritime au plan pénal, mais elle estime que celle-ci« a été défaillante dans la surveillance des animaux dont elle avait la garde temporaire ».
Près de 50° dans la voiture en cale
L'information, révélée hier par nos confrères du Bien Public pourrait avoir une incidence dans la modification des lois européennes concernant le transport des animaux. « Mon objectif est que cela ne se reproduise plus. Je voulais aller jusqu'au bout de la démarche tout simplement pour faire changer les lois qui considèrent en la matière les animaux comme des meubles et non comme des êtres sensibles », a détaillé hier Gilles Seytre précisant que la même mésaventure était survenue sur la Corsica Ferries à la même période.
Avec patience, il revenait sur l'arrivée triste sur le Continent après cinq heures de traversée et la découverte de ses deux chiens dans sa voiture.
Pentium, l'épagneul breton âgé de 11 ans était dans le coma et décédait dix minutes après dans les bras de son maître, tandis qu'Ungaro, le griffon korthals de 6 ans, était déjà mort. Ils étaient restés dans la voiture avec les vitres entrouvertes, sur les conseils d'un membre de l'équipage.« Quand nous sommes arrivés avec mon épouse Mireille, un officier nous a conseillé de les placer au chenil, mais l'agent qui en était responsable nous a dit le contraire », relate Gilles Seytre qui a relevé une température de près de cinquante degrés dans son véhicule, placé près des machines. « La SNCM assurait que des rondes étaient effectuées et qu'elle veillait à la sécurité des animaux, mais cela n'a pas été le cas, si je l'avais su qu'ils étaient sans surveillance, je n'aurais jamais laissé mes chiens », poursuit-il.
Les causes de la mort ? « Les deux animaux ont péri d'un arrêt cardiaque dû soit à une asphyxie, soit à une intoxication au monoxyde de carbone », a diagnostiqué le Dr Aymeric Bénard, vétérinaire ajaccien dans les colonnes du Bien Public.« Ils sont morts en raison de la trop forte chaleur, ce qui les a amenés, ainsi que les traces laissées dans le véhicule l'établissent, à se débattre violemment jusqu'à perdre un collier pour pouvoir respirer », souligne-t-il, tout en estimant que ce phénomène est « très courant et bien connu de la profession ».
Les propriétaires portent rarement plainte ou sont parfois dédommagés par les compagnies pour empêcher les procédures.
Le calvaire des animaux dans les moyens de transport est-il terminé ? Rien ne changera sans une législation européenne.
Pour sa part, la SNCM qui soulignait sa relaxe définitive au plan pénal, a rappelé qu'elle a été « condamnée uniquement sur le plan civil à indemniser le couple Seytre à hauteur de 2 500 euros, alors que leur demande était de 25 000 euros ».
Animaux interdits dans les voitures depuis avril 2011
La compagnie ajoutait qu'elle n'a « pas attendu la décision de la cour d'appel d'Aix-en-Provence pour modifier les conditions de transports en vigueur depuis le 1er avril 2011. »Il aura donc fallu neuf (longs) mois pour qu'elle modifie son règlement. Et interdise les animaux en véhicule. Deux options sont offertes désormais aux voyageurs : l'installation en chenil, en cage individuelle pour les animaux d'une certaine taille. « Les chats et autres petits animaux peuvent rester dans une cage spécialement prévue à cet effet, et ne devront pas nuire au confort des autres passagers », détaille la compagnie maritime. Le combat judiciaire de Gilles Seytre pour le transport des animaux dans des conditions décentes pourrait-il mener à une reconnaissance de leur statut d'être sensible ? Ce serait la fin d'une vie de chien dans les cales des navires.